Cadrage microéconomique de la flexibilité interne choisie
• Un article de la rubrique Cadrage historique et économiqueLa « flexibilité interne choisie » permet de faire varier la quantité de travail de façon quasi immédiate, et donc d’adapter le niveau de production en temps réel en favorisant à la fois la rentabilité de l’entreprise et le pouvoir d’achat et l’emploi des salariés.
En période de baisse de l’activité, la réduction du volume de travail et la baisse corollaire de la masse salariale permet d’ajuster rapidement les coûts salariaux (à due concurrence) sans baisse de l’emploi et sans créer de remous sociaux.
En période de hausse de l’activité, cette faculté permet de répondre à un sursaut de demande qui autrement aurait pu ne pas trouver satisfaction. En effet, ne nécessitant pas d’investissement supplémentaire en capital ni n’impliquant de surcoût en termes de formation ou de gestion administrative et sociale, une hausse de la quantité de travail obtenue dans le cadre de la « flexibilité choisie » ne met essentiellement en jeu que des coûts salariaux. Bien que le paiement des heures supplémentaires supporte une majoration, le coût total encouru reste ainsi souvent inférieur au coût total qu’induit le recours à la sous-traitance, à l’intérim ou à des embauches. En conséquence, la mobilisation d’une unité de travail supplémentaire dans le cadre de la « flexibilité choisie » sera généralement moins coûteuse, le coût marginal du travail étant moindre (1).
Ainsi, par rapport aux autres options permettant d’accroitre la quantité de travail à très court terme, la mise en place d’un système de « flexibilité choisie » dans une entreprise lui permet d’accroître la quantité de travail à court terme à un coût moindre. Toutes choses égales par ailleurs, accroître la production devient alors moins coûteux. Ceci peut rendre rentable une production supplémentaire, qui pourra alors avoir lieu.
Les mécanismes microéconomiques
Plus précisément, on sait qu’une entreprise a intérêt à ajouter des unités de travail aussi longtemps que le coût marginal d’une unité de travail est inférieur à son produit marginal en valeur (2). Le moindre coût de l’unité de travail supplémentaire a pour conséquence une augmentation de la quantité de travail mobilisé, et donc de la production. Cette production supplémentaire n’a lieu que dans la mesure où l’entreprise en attend une hausse de ses profits.
Un coût marginal plus faible, rendant rentable pour l’entreprise la satisfaction de commandes supplémentaires, entraîne un niveau de production et des profits plus élevés. A ce titre, la « flexibilité choisie » libère un potentiel de croissance.
Parallèlement, la « flexibilité choisie » entraîne une baisse de la part relative du coût du capital et des autres coûts fixes dans le coût total (avec une limite physique lorsque l’outil de production fonctionne en continu sur l’année) et, symétriquement une hausse de la part des salaires dans les coûts totaux, résultant en une hausse du pouvoir d’achat.
Par ailleurs, l’augmentation de la rentabilité du capital investi favorise la propension à investir.
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(1) Le coût marginal du travail est le coût que suppose le recours à une unité de travail supplémentaire. Le coût marginal varie selon le niveau de production. Pour un niveau de production donné, il est potentiellement plus faible dans le cadre de la « flexibilité choisie ».
(2)Le produit marginal du travail en valeur est la valeur de la production qui résulte de l’emploi d’une unité de travail supplémentaire.
Bruce Dévernois, Avocat